Cancer de la peau : détection via prise de sang, possible ?

Des fragments de tumeurs peuvent circuler dans le sang bien avant que le moindre signe ne se manifeste. Depuis peu, plusieurs pays proposent des tests sanguins ciblant certains marqueurs, et les résultats, pour certaines tumeurs, sont prometteurs.

Ces méthodes ne sont pas figées dans le marbre : leur fiabilité évolue, car tout dépend du cancer et du stade de la maladie. Les recommandations médicales bougent vite, portées par les études cliniques qui affinent la place de ces innovations dans la détection la plus précoce possible.

Le cancer de la peau face aux nouveaux outils de détection

Le cancer de la peau recouvre différentes réalités, du mélanome au carcinome. Le mélanome, notamment, peut se montrer difficile à identifier lorsque la tumeur en est à ses débuts. Jusqu’à présent, le passage chez le dermatologue, accompagné d’un dermoscope, reste la voie royale. L’analyse d’un fragment de tissu, la fameuse biopsie cutanée, permet de trancher sur la nature de la lésion. Pendant longtemps, ce parcours précis mais local était la règle. Mais de nouveaux outils sont venus bouleverser la donne, en identifiant dans le sang des signaux émis par les cellules cancéreuses.

Les progrès récents reposent sur la détection de l’ADN tumoral circulant (ADNc) ou sur d’autres biomarqueurs. Un test élaboré en Australie, par exemple, a permis de repérer 79 % des mélanomes à un stade précoce : une avancée saluée, même si elle demande encore à être validée à large échelle. Le principe : analyser la présence de fragments d’ADN lâchés par la tumeur dans la circulation sanguine, une piste sérieuse pour compléter les méthodes classiques de dépistage. On peut, par exemple, cibler la mutation BRAFV600, fréquente dans les mélanomes, et détectable grâce à ces tests.

Voici ce que ces nouveaux tests pourraient bientôt permettre :

  • préciser le diagnostic cancer en cas de doute lors de l’examen clinique,
  • assurer un suivi de l’évolution ou d’une éventuelle rechute après traitement,
  • adapter la prise en charge (avec, par exemple, le dabrafenib ou le trametinib pour les mélanomes porteurs de la mutation BRAFV600).

Le suivi sanguin, lui, offre la possibilité de surveiller en temps réel l’efficacité du traitement, sans attendre que la maladie se manifeste à nouveau sur la peau. Mais il ne remplace ni l’œil du spécialiste, ni la vigilance lors de l’auto-examen de la peau, étape clé au moindre changement d’un grain de beauté.

Prise de sang et cancer : que peut-on vraiment détecter aujourd’hui ?

L’utilisation de la prise de sang pour dépister certains cancers progresse, mais il faut garder la tête froide. La numération formule sanguine (NFS), couramment prescrite, mesure les globules rouges, blancs et les plaquettes. Cet examen de routine peut mettre la puce à l’oreille en cas de maladie du sang comme la leucémie, mais il reste sans voix devant la plupart des tumeurs solides, dont celles de la peau.

Pour d’autres cancers, des tests s’attachent à repérer des marqueurs tumoraux : protéines ou fragments d’ADN propres à la tumeur. Ces analyses, plus poussées, aident à suivre un traitement et à surveiller la maladie. Les dosages classiques, comme le PSA pour la prostate ou le CEA pour le côlon, n’ont pas d’équivalent validé pour le mélanome ou les carcinomes cutanés. Le test australien, évoqué plus haut, ouvre une piste prometteuse en révélant dans le sang des signatures du mélanome ; il n’est cependant pas proposé en routine pour le moment.

D’autres innovations émergent, comme la détection des cellules tumorales circulantes. La méthode ISET, lancée par l’équipe de Patrizia Paterlini-Bréchot, permet de repérer ces cellules rares dans le sang. Un espoir : repérer un cancer avant tout symptôme. Mais pour les cancers de la peau, la fiabilité doit encore être démontrée. La chasse aux biomarqueurs sanguins s’annonce donc comme un axe de recherche déterminant, sans pour autant éclipser l’examen clinique ou la biopsie cutanée.

Jeune homme lors d’un prélèvement en extérieur

Pourquoi un dépistage précoce reste essentiel pour votre santé

Détecter tôt un cancer bouleverse le destin d’un patient, toutes tumeurs confondues. Les chiffres, eux, ne laissent pas place au doute : en France, le cancer reste la première cause de mortalité chez l’homme, la deuxième chez la femme. Près de 400 000 nouveaux diagnostics chaque année. Lorsqu’on repère la maladie au stade initial, les chances de s’en sortir montent en flèche, et les traitements peuvent être allégés.

Pour le cancer de la peau, rien ne remplace l’examen attentif du dermatologue. Ce professionnel passe chaque grain de beauté au crible, inspecte la moindre lésion suspecte avec son dermoscope et réalise une biopsie cutanée si nécessaire. Plus le diagnostic est posé vite, meilleures sont les perspectives, qu’il s’agisse d’un mélanome ou d’un carcinome. Même à l’heure des analyses sanguines pointues, l’expertise humaine garde la priorité.

En fonction du cancer, d’autres examens viennent compléter la stratégie :

  • une mammographie pour le sein,
  • un test immunologique des selles pour le côlon,
  • un frottis pour le col de l’utérus,
  • un scanner thoracique pour le poumon.

La biopsie reste le socle du diagnostic. Prélever un fragment de tissu et l’analyser permet d’offrir au patient une prise en charge sur mesure, rapide, adaptée à son cas.

Les campagnes de sensibilisation, comme Octobre rose ou Mars bleu, rappellent que le dépistage est l’affaire de tous. L’Institut National du Cancer se fixe un cap : alléger le fardeau de la maladie, sauver des vies, limiter les séquelles. Pour la peau, un auto-examen régulier et le réflexe de consulter en cas de doute font toute la différence.

La médecine avance, les outils se multiplient : mais face au cancer de la peau, la vigilance et le diagnostic précoce gardent une longueur d’avance. Face au miroir, un simple coup d’œil peut tout changer.